Inondation de 2005 : 20 ans après la crue

Il y a 20 ans, le quartier de la Matte, à Berne, était sous l’eau. La crue de 2005 a menacé des vies et causé des dégâts se chiffrant en millions. L’entrepreneur Karl Zimmermann, Dina Brügger, de la ville de Berne, et Michael Waldmann, de l’AIB, font une rétrospective. Ils évoquent la solidarité, les enseignements tirés et la question suivante : sommes-nous aujourd’hui mieux protégés contre les inondations ?

Photo prise par drone du quartier bernois de la Matte.
Texte :
etextera
En bref

En août 2005, des précipitations extrêmes ont provoqué une crue et des coulées de boue dans tout le canton. Dans la ville de Berne, l’Aar a inondé le quartier de la Matte.

L’entreprise de construction métallique de Karl Zimmermann a également été touchée par la crue. L’inondation a causé des dommages à des machines et à des travaux en cours à hauteur d’un demi-million de francs.

À titre de mesure de protection contre les crues, la ville de Berne retire depuis tous les deux à trois ans du gravier du Schwellenmätteli et enlève régulièrement le bois flottant.

Les intempéries sont de plus en plus fréquentes et intenses. Grâce au test d’évaluation des risques de l’AIB, les propriétaires fonciers peuvent faire évaluer gratuitement les dangers naturels qui menacent leur domicile.

Le 22 août 2005, Karl Zimmermann assistait à un congrès en Italie quand la nouvelle lui est parvenue : le quartier bernois de la Matte a été évacué en raison d’une crue. La maison de ses parents se trouve au cœur de celui-ci. Pour lui, cela a été une catastrophe émotionnelle et économique, car son entreprise de construction métallique se trouvait au rez-de-chaussée du même bâtiment à l’époque.

Que s’est-il passé ? Il a énormément plu en Suisse en août 2005. Les sols étaient saturés et le niveau des cours d’eau augmentait de plus en plus. En raison de l’écluse bouchée du Schwellenmätteli, l’Aar n’avait plus qu’une seule possibilité : traverser le quartier de la Matte.

600’000 litres d’eau par seconde

Dina Brügger nous raconte à quelle vitesse et avec quelle violence l’Aar a déferlé sur le Schwellenmätteli. Ingénieure civile à la Direction des ponts et chaussées de la ville de Berne, elle déclare : « En 2005, ainsi que lors de la crue de 1999, nous avons mesuré 600 mètres cubes d’eau par seconde. Cela correspond à 600’000 litres. »

La Direction des ponts et chaussées de la ville de Berne se penche depuis un quart de siècle sur la problématique des crues et a déjà mis en œuvre plusieurs mesures : tous les deux à trois ans, l’Office des ponts et chaussées du canton de Berne retire du gravier du Schwellenmätteli. La ville de Berne élimine régulièrement le bois flottant. Une sorte de coffrage en bois permet d’étanchéifier le « Tych », l’ancien canal du moulin, et les tuyaux orange (les « tuyaux Beaver ») achetés en 2005 assurent une hauteur supplémentaire de 80 centimètres. Lorsque la crue arrive, des poutres de barrage supplémentaires sont installées.

Le facteur temps

Dina Brügger, qui s’occupe depuis de nombreuses années de la protection contre les crues, affirme néanmoins sans ambages : « Ces mesures suffisent si l’on a assez de temps. Mais si l’Aar monte rapidement et violemment, elles sont insuffisantes. »

D’expérience, Dina Brügger le sait : « Au bout de cinq ans, les gens ont oublié la crue. C’est pourquoi ils se montrent souvent sceptiques face aux mesures de construction plus poussées. » Elle est d’autant plus heureuse qu’en 2023, les électrices et électeurs de la ville de Berne ont approuvé à plus de 80 % des voix un crédit d’exécution de plus de 148 millions de francs pour un vaste projet de protection contre les crues. D’ici à 2033 environ, la zone densément peuplée située entre le parc zoologique de Berne et le quartier de la Engehalde sera efficacement protégée contre les crues sur quelque six kilomètres, en harmonie avec la protection du patrimoine et la nature. Les travaux de construction ont lieu de manière échelonnée, entre l’automne et le printemps. Ils débuteront en septembre 2025 dans le secteur Gaswerkareal/Marzili.

Dina Brügger regarde l’Aar en contrebas du Schwellenmätteli.
Photo : Direction des ponts et chaussées de la ville de Berne
Notre objectif est de protéger de manière optimale la population des quartiers proches de l’Aar contre les inondations.
Dina Brügger
ingénieure civile à la Direction des ponts et chaussées de la ville de Berne

L’existence en jeu

Retour en 2005. Les collaboratrices et collaborateurs de Karl Zimmermann ont tenté de sauver des machines en les surélevant. « Ensuite, ils ont dû se mettre à l’abri », raconte l’entrepreneur. Arcades inondées, véhicules submergés : il y avait de l’eau à perte de vue. Les personnes présentes ont dû quitter la zone de danger et le courant a été coupé. Pour des raisons de sécurité, Karl Zimmermann n’a pu pénétrer dans le bâtiment qu’une semaine après la crue. Les traces laissées ont révélé que l’eau avait envahi la pièce sur environ un mètre de haut, jusqu’à atteindre le niveau des fenêtres. Il ne restait plus que 30 centimètres de vase, des machines détruites, des travaux à moitié terminés rouillés et un millier de questions en suspens. Et parmi ces dernières, la suivante : qu’adviendra-t-il de l’exploitation et des 30 collaboratrices et collaborateurs ?

Une solidarité perceptible de nombreux côtés

Karl Zimmermann a commencé par indiquer les prix sur les machines et le matériel afin de pouvoir contacter rapidement les assurances, car il fallait continuer. Puis les travaux de déblaiement ont commencé. « La solidarité était immense », se souvient-il. Par exemple de la part de la protection civile et d’autres personnes serviables. « Tout d’un coup, des personnes inconnues se sont rassemblées et ont mis la main à la pâte, c’était très émouvant », raconte Karl Zimmermann.

Quelques semaines après l’inondation, il a pu louer une halle à Lyss, où l’équipe a repris le travail avec de nouvelles machines et du nouveau matériel, tandis que les rénovations avaient lieu à Berne. Fin février 2006, l’équipe de Karl Zimmermann AG a déménagé dans l’atelier fraîchement rénové et repris l’exploitation à la Matte.

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Un événement marquant pour l’AIB

Michael Waldmann, aujourd’hui responsable du service des sinistres à l’AIB et à l’époque responsable Assistance du domaine Assurance, se souvient encore très bien de cette période mouvementée. Il a été difficile de se faire une idée précise de l’étendue des dégâts. Plus il pleuvait, plus il y avait de dommages. Certains jours, nous avons reçu jusqu’à 1’400 avis de sinistre. À la division des sinistres, l’ambiance était tendue et les téléphones sonnaient sans cesse. Des propriétaires fonciers désemparés, qui étaient dans l’eau et avaient perdu des souvenirs, criaient détresse – une situation chargée d’émotions pour tout le monde. Plus de 80 expert·e·s en sinistres se sont déplacés dans tout le canton pour expertiser les dommages sur place.

Contrairement à aujourd’hui, le travail requérait à l’époque beaucoup de paperasse. À cela s’est ajouté un problème de ressources chez les artisans. L’eau avait endommagé de nombreux bâtiments, mais les artisans ne pouvaient pas s’occuper de tout à la fois. Cela a retardé le traitement des sinistres. « Malgré tout, les assuré·e·s ont été patients avec nous », explique Michael Waldmann. C’est ce que confirme également Andreas Dettwiler, qui a repris la direction du domaine Assurance de l’AIB le 1er septembre 2005 : « Au début, nous avons tablé sur un montant de dommages de 25 millions de francs, puis de 40 millions, un peu plus tard de 100 millions et finalement de 310 millions. »

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Deux personnes décédées à Brienz

À ce jour, la crue de 2005 est le plus grand dommage isolé de l’histoire de l’AIB. L’Oberland bernois, l’Emmental et certaines parties de la ville de Berne ont été particulièrement touchés. À Brienz, l’inondation n’a pas seulement fait des dégâts, mais aussi des victimes : deux personnes sont décédées dans leur maison des suites d’une coulée de boue du Glyssibach.

L’AIB est aujourd’hui mieux parée

L’AIB a tiré des enseignements importants des défis de cette époque et pris des mesures. Aujourd’hui, l’AIB est, sur le plan technique et organisationnel, en mesure de réagir plus rapidement et de manière plus coordonnée à un événement similaire. Des systèmes modernes de gestion des sinistres, des processus de gestion de crise clairs et l’interaction de spécialistes internes et d’expert·e·s en sinistres externes permettent un traitement plus rapide et plus efficace des événements d’envergure. « Nous traitons les cas simples de manière aussi automatisée que possible, tandis que les cas complexes sont gérés individuellement », explique Andreas Dettwiler.

Cet événement a également eu un impact sur le travail de prévention de l’AIB. Résultat : depuis 2022, avec la création du Service spécialisé dangers naturels, une division est dédiée aux défis posés par les dangers naturels. La crue de 2005 ne constitue donc pas seulement un tournant historique, elle est aussi, aujourd’hui encore, un moteur d’amélioration continue de la protection des personnes et des bâtiments.

Portrait d'Andreas Dettwiler.
Nous sommes bien préparés, mais nous devrons tout de même improviser en cas d’événement majeur.
Andreas Dettwiler
PDG de la GVB Assurances privées SA et, en 2005, responsable de la division Assurance de l’AIB

20 ans plus tard, n’oublions pas

En 2012, Karl Zimmermann a vendu son entreprise de construction métallique à trois de ses employé·e·s. Ceux-ci ont transféré le siège de l’entreprise à Berne Bümpliz en 2019. Les locaux du rez-de-chaussée de la maison de ses parents sont actuellement loués à différentes entreprises. Karl Zimmermann a, entre autres, lui-même encore son bureau ici. « Aujourd’hui, nous n’avons plus peur de telles inondations », dit-il, car beaucoup de choses ont changé. Il souhaite néanmoins que les gens n’oublient pas et que la protection contre les crues reste un thème important.

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Vents tempétueux, fortes pluies et orages de grêle : les intempéries sont de plus en plus fréquentes et intenses. Grâce au test d’évaluation des risques de l’AIB, vous pouvez faire évaluer gratuitement les dangers naturels qui menacent votre domicile. Petit plus : vous obtenez des conseils concrets sur la manière de réduire ou d’éliminer le risque.
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